Jeûner quand on est parent, actif·ve ou juste fatigué·e: mission possible ?
- Aurelie Donnen
- 1 avr.
- 4 min de lecture
Jeûner. Rien qu’en entendant ce mot, on imagine une pause, un temps suspendu, une retraite paisible au sommet d’une montagne, avec des chants d’oiseaux et une tisane fumante entre les mains. Mais pour beaucoup, la réalité est bien différente : enfants, ménage, travail, charge mentale, fatigue chronique… Et cette petite voix qui dit : "Est-ce que c'est vraiment raisonnable de jeûner maintenant ?"
Et bien oui, c'est possible. Pas toujours facile. Pas toujours parfait. Mais possible. Et surtout : ça peut être beau, même au milieu du chaos, à la maison.

L’idée de perfection : un frein insidieux
On a souvent l’image d’un jeûne idéal : pas d’enfants, pas de mails, pas de stress. Juste du temps pour soi. Sauf que ce temps-là, on l'attend parfois des années. Et à force d'attendre que tout soit aligné, on ne passe jamais à l'action.
Or, le jeûne ne demande pas la perfection. Il demande de l’écoute, de l’adaptation, de la bienveillance. Et surtout, il demande d’accepter que notre vie, telle qu’elle est aujourd’hui, peut être un terrain d’expérimentation suffisant.
Ce fantasme du moment parfait nous prive d'expériences profondément transformatrices. Le quotidien, avec ses imprévus et ses petits chaos, est en fait un terrain d’observation extraordinaire. Le jeûne dans ces conditions devient un miroir de notre rapport à la gestion, au contrôle, à la souplesse.
Créer un cadre réaliste
Tu es parent, actif·ve, souvent fatigué·e ? Alors oui, le jeûne demande un peu plus d'organisation. Mais pas besoin de tout plaquer pour vivre une semaine en ermitage. Tu peux créer un cadre simple, réaliste et soutenant.
Voici quelques pistes concrètes :
Planifie à l’avance. Préviens ton entourage, dégèle les repas pour les enfants, allège ton agenda si possible.
Délègue. Oui, même si ce n’est pas parfait. Un conjoint, un parent, un ami peut prendre le relai ponctuellement.
Choisis bien ta semaine. Idéalement, évite les périodes de forte charge mentale (rentrées, gros deadlines, vacances scolaires…).
Parle-en. Mets ton entourage dans la boucle. Mieux vaut des soutiens que des saboteurs inconscients.
Adapte ton quotidien. Est-ce que tu peux simplifier tes tâches, créer des moments de repos dans la journée ?
Intègre des rituels. Une sieste, un bain de pieds, une marche tranquille... autant de petites respirations qui rendent le jeûne plus doux.
Un jeûne, une vie
Chaque jeûne est différent, parce que toi, tu es différent·e à chaque fois. Parfois tu arrives plein·e d’énergie. Parfois, tu es épuisé·e. Et c’est justement dans ces moments-là que le jeûne peut révéler autre chose.
Fatigué·e ? Le jeûne devient une invitation au repos. Stressé·e ? Il devient un outil de recentrage. Triste ? Il peut libérer ce qui était enfoui.
"Le jeûne ne nous demande pas d’être prêt. Il nous invite à être présent."

Il n'y a pas de bon moment universel pour jeûner. Il y a juste ton moment à toi. Et c’est souvent celui qui se présente quand tu n’es pas totalement prêt·e... mais suffisamment disposé·e à t’écouter.
Le jeûne est une expérience unique à chaque fois. Le lieu, l’état d’esprit, la saison, les circonstances personnelles... tout joue. C’est un processus vivant qui invite à être dans l’instant, avec ce qui est.
L’art d’en faire moins (et de s’en contenter)
Quand on jeûne, le corps ralentit. Et nous aussi, on devrait. Mais on garde parfois l’habitude de vouloir faire tourner la maison, le boulot et la vie sociale comme si de rien était.
Et si tu acceptais d’en faire moins ? Moins bien, même ? Le monde ne s’écroulera pas si tu ne fais pas tourner une lessive ou si les devoirs des enfants ne sont pas impeccables. Par contre, ton corps, lui, te dira merci.
Faire moins, c’est un vrai apprentissage. On apprend à dire non, à poser ses limites, à se choisir. Et ce n’est pas égoïste : c’est essentiel. En faisant moins, on fait souvent mieux. Plus présent. Plus conscient.
La culpabilité : cette vieille copine collante
Ah, la culpabilité. De ne pas être disponible pour les autres. De prendre du temps pour soi. De ne pas avoir répondu à tous les mails, ou de ne pas avoir préparé un repas "normal" pour la famille. Et si on laissait tomber ?
Jeûner, c’est aussi montrer à ses enfants qu’on prend soin de soi. C’est poser un acte fort de prévention, de santé, de conscience. Ce n’est pas égoïste. C’est inspirant.
On vit dans une société qui valorise l’action, la disponibilité permanente, l’efficacité. Mais le jeûne nous invite à autre chose : à l’écoute, à l’être, à la lenteur. Ce sont des qualités qu’on a oublié de célébrer... et qui changent pourtant tout.
Accepter les imprévus
Malgré tout, il y aura des imprévus. Un enfant malade. Un dossier urgent. Une émotion qui remonte. Et peut-être même que tu devras interrompre ton jeûne.
Ce n’est pas un échec. C’est une preuve d’écoute. Parce que le jeûne n’est pas un challenge à réussir, c’est une expérience à vivre. Et parfois, la plus grande victoire, c’est de savoir dire stop.
Chaque expérience est utile. Même un jeûne avorté, même un jeûne "raté", t’apprend quelque chose. Sur tes limites. Tes besoins. Tes peurs. Et aussi sur ta capacité à accueillir ce qui est, sans
t’auto-flageller.

Ce que tu transmets autour de toi
Quand tu choisis de jeûner, même dans le tumulte du quotidien, tu transmets un message fort à ton entourage. Tu montres qu’on peut se choisir, même en étant parent, actif, sollicité. Que la santé n’est pas un luxe, mais une priorité.
Tu plantes une graine chez tes enfants. Tu inspires peut-être tes collègues. Tu fais du bien, sans discours. Juste par ton exemple.
En bref :
Tu peux jeûner avec une vie bien remplie, à condition de t’adapter.
Moins tu te mets la pression, plus le jeûne est transformateur.
L’essentiel, c’est d’être à l’écoute, pas dans la performance.
Même les petites tentatives comptent. Même les "ratés" ont de la valeur.
Alors, jeûner quand on est parent, actif·ve ou juste fatigué·e: mission possible ? Oui. Mille fois oui. Pas parce que tu es une super-héroïne ou un super-héros, mais parce que tu choisis de prendre un temps pour toi, avec ton corps, ta fatigue, ton quotidien. Et c’est déjà immense.
"Je ne cherche pas à faire parfait. Je choisis de faire du mieux que je peux, là où j’en suis."
Et si c’était ça, la vraie puissance du jeûne ?
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